Maison à colombages en Normandie : plongée dans l’univers de l’architecture traditionnelle française à pan-de-bois

Le colombage, également connu sous le nom de « galendage », est une technique architecturale qui repose sur un assemblage précis de montants et qui forme l’un des matériaux essentiels notamment des longères normandes. Ces montants sont reliés par des tenons et des mortaises, formant un réseau dense. Typiquement, on trouve entre deux et quatre sablières horizontales qui maintiennent ces montants à des intervalles réguliers. Ces poteaux verticaux, selon la région, peuvent être appelés « potilles », « tournisses » ou « colombers ». Ils sont ancrés à la base dans une « sole » ou sablière-basse et au sommet dans une « panne-sablière » ou « sommier », qui est une réplique de la sole. Dans les maisons qui possèdent un étage, une sablière intermédiaire est souvent ajoutée entre ces deux éléments.

L’ossature des maisons à colombages

L’ossature principale du colombage est définie par des pièces maîtresses verticales. Aux quatre coins de la maison en pan-de-bois, ces pièces sont appelées « corniers ». Elles définissent les panneaux principaux du colombage. Entre ces panneaux, une ossature secondaire est mise en place. Cette dernière est composée de potelets, qui sont également verticaux mais de dimension plus petite que les poteaux principaux (environ 20 cm contre 30 cm). Ces potelets sont souvent connectés par des entretoises inclinées, nommées « colombes », « écharpes » ou « guettes ». Ces entretoises ont plusieurs fonctions : elles peuvent relier la sole à la panne-sablière, connecter les poteaux et potelets entre eux, ou encore lier la sole à un poteau d’angle. Leur rôle principal est d’empêcher le déplacement de la structure tout en maintenant l’écartement des pièces maîtresses. Grâce à ces éléments, les charges les plus lourdes sont dirigées vers les points de support essentiels. Chaque élément horizontal, qu’il s’agisse de la sole, de la sablière intermédiaire ou de la panne-sablière, joue un rôle crucial en supportant une partie du poids de la structure. Ils redistribuent cette charge sur l’ossature principale, qui à son tour la répartit sur le sol.

La structure des étages et l’assemblage des maisons à colombages

Lorsqu’une longère à colombages comporte un étage, sa structure en pan-de-bois est similaire à celle du rez-de-chaussée, bien qu’elle puisse parfois être plus complexe. Les éléments principaux, tels que les poteaux, peuvent être de longues pièces de bois s’étendant de la base au sommet de la maison. Ces poteaux peuvent interrompre la sablière intermédiaire à des intervalles réguliers, comme c’est souvent le cas dans les manoirs. Alternativement, ils peuvent être de courtes pièces de bois qui laissent la sablière médiane intacte. Avec cette dernière configuration, il est courant de voir des motifs géométriques, tels que des croisillons ou des losanges, ajoutés pour des raisons techniques et esthétiques.

L’assemblage des pans-de-bois se fait généralement au sol, à proximité immédiate du site de construction. Les différentes pièces sont assemblées selon leur fonction, soit par des tenons et mortaises, soit à mi-bois, mais sans l’utilisation de clous. Les panneaux sont ensuite assemblés autour des quatre poteaux corniers, qui sont souvent des pièces réutilisées d’autres structures. Ces poteaux sont placés sur des blocs de grès ou de craie pour éviter la remontée d’humidité. Ils sont ensuite fixés à la sole, une pièce essentielle de la structure. Il est à noter que la sole est généralement élevée, reposant sur un petit muret pour isoler la structure de l’humidité du sol.

Caractéristiques supplémentaires et finitions

L’assemblage ne s’arrête pas aux façades extérieures. Les refends intérieurs sont également assemblés avec le même soin. Ensuite, des poutres sont posées, reliant les principaux poteaux des murs gouttereaux de la maison. Ces poutres, souvent faites de troncs de chêne ou d’orme, déterminent les proportions de la maison normande en colombage, en particulier sa profondeur. Ces poutres sont conçues pour supporter le poids du toit sans nécessiter de supports supplémentaires, ce qui maximise l’espace intérieur.

La distance entre les potelets influence la disposition et la taille des ouvertures, telles que les fenêtres et les portes. Ces ouvertures sont souvent définies par la sole et la sablière, bien que des pièces horizontales supplémentaires puissent être ajoutées pour délimiter les zones d’ouverture. Il n’est pas rare de voir des motifs décoratifs ajoutés aux fenêtres pour des raisons esthétiques.

Les portes, quant à elles, peuvent être divisées en deux sections : une partie supérieure avec une petite ouverture, et une partie inférieure solide. Cette conception permet une ventilation tout en empêchant les animaux de sortir. Dans certaines maisons, l’entrée est fermée par une porte pleine, composée de panneaux verticaux alternés. Les volets, s’ils sont présents, sont généralement solides et peuvent être amovibles.

Les détails de la construction

L’attention aux détails est primordiale dans la construction en colombage. Les poteaux corniers, essentiels à l’assemblage, sont souvent des pièces récupérées d’autres bâtiments, témoignant de leur robustesse et de leur durabilité. Ces poteaux sont soigneusement positionnés sur des blocs de grès ou de craie, ce qui empêche l’humidité de remonter du sol. La sole, une pièce fondamentale de la structure, est également conçue pour éviter les problèmes d’humidité. Elle est placée en hauteur, sur un petit muret qui suit sa forme. Ce muret joue le rôle d’isolant, tout comme les blocs de grès. Pour éviter l’accumulation d’eau, la sole est légèrement inclinée vers l’extérieur.

L’assemblage des refends intérieurs suit les mêmes principes que ceux des façades. Une fois ces étapes terminées, les poutres sont installées. Ces poutres, qui relient les principaux poteaux des murs de la maison, sont essentielles pour définir les proportions de la maison, en particulier sa profondeur. Elles sont souvent faites de troncs d’arbres entiers, comme le chêne ou l’orme, et sont fixées aux sablières par des assemblages complexes.

Conclusion

Le colombage est bien plus qu’une simple technique de construction; c’est un art qui témoigne de l’ingéniosité et du savoir-faire des artisans d’autrefois. Chaque élément, du poteau cornier à la simple entretoise, a été conçu avec soin pour garantir la solidité, la durabilité et l’esthétique de la maison. Les maisons en colombage, avec leurs structures en bois distinctives et leurs motifs géométriques, sont un symbole de l’architecture traditionnelle française. Elles représentent un patrimoine précieux qui mérite d’être préservé et apprécié pour les générations futures.